Exposition personnelle de Thaddé Comar « How was your dream? »

Quel est ce rêve qui se déroule de plein jour, vous traque partout dans les rues et s’écrase sur les boucliers ? “How was your dream ?” n’est pas ce que vous croyez. Derrière la question habillée de poésie se répand sur les réseaux sociaux hongkongais une autre réalité, celle d’une lutte pour la démocratie. À vous de comprendre sa véritable traduction : “Comment était ta manifestation?”. Ce code conversationnel entre activistes est utilisé pour ne pas être incriminé, et son usage témoigne du poids de la surveillance qui pèse sur les militant·e·s.

Après la loi travail, après la grève des chemineaux, après les “Black Blocks”, après les procès de Tarnac, Balkany et Benalla, après les meetings de l’extrême droite, après. Entre août et octobre 2019, Thaddé Comar a traversé la “révolution des parapluies” à Hong-Kong pour ouvrir un nouveau chapitre de photographies documentaires autour des mouvements sociaux. Depuis 1997 et la rétrocession de la république indépendante de Hong-Kong par le Royaume-Uni à la Chine, le régime de Pékin écrase la vie politique démocratique. L’insurrection est massive quand en 2019, le régime chinois soumet le projet de loi d’arrêter, d’extrader et de juger en Chine toutes personnes liées directement ou indirectement à une activité jugée criminelle par Pékin visant ainsi, entre autres, les journalistes, les ONG, les travailleurs·euses sociaux·ales et les femmes et hommes d’affaires vivant ou de passage à Hong-Kong.

Au centre de l’affrontement, entre les forces armées de technologies et les civils en occupation dans la ville, Thaddé Comar donne sa vision du – soulèvement. Par les masques et les parapluies des manifestant·e·s qui cachent les visages, ou les scies qui découpent les poteaux équipés d’appareils à reconnaissance faciale. Chacun use de la lumière comme une arme pour brouiller la visibilité d’une caméra de surveillance, ou pour éblouir les objectifs des photographes et empêcher les prises de vues des médias. Les lasers, les flash, les drones prêtent aux scènes de rues un caractère de science-fiction. Le vestiaire des armures, les effets chromatiques, les architectures démesurées, tous ces éléments déployés forment le répertoire d’une rébellion quasi-cinématographique où les personnages s’affrontent dans un monde de désordre. Entre espoir de démocratie et cauchemar totalitaire, le rêve lucide de Thaddé Comar fait quête de conscience ; peut-on simplement rêver, ou faut-il difficilement agir ?

Texte d’exposition : Anne Bourrassé

Vernissage 07 avril
Exposition 08 mars— 22 avril 2022

EXPOSITION

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